Design week 2019

MATTER MATTERS - Matière(s) à pEnser/pAnser

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Vers un design de l’écologie matérielle : de la matière au matériau

L’Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle présente une sélection de projets d’élèves designers, réalisés entre 2016 et 2018. 

Commissaire : Elena Tosi Brandi, designer et enseignante, Ph.D ENSCI-Les Ateliers 
Scénographie : Elena Tosi Brandi, Léo Sexer, Xavier Montoy 

Projets et auteurs exposés

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_CALCAIRES
Léo Sexer, projet de diplôme en création industrielle, 2018

 

 

_DATA GRASS PROJECT 
Barbara Cerlesi, projet réalisé dans le cadre de l’Atelier Design et Recherche(s)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

_AU FIL DE L’EAU : MATIÈRES MARINES 
Axelle Gisserot, projet de diplôme en design textile, 2018

_TERRE DE PARIS
Andreane Vallot, projet réalisé dans le cadre de l’Atelier Informe, 2016

 

 

 

 

_SUBSTANCES SALINES
Annelise Légaré, projet de diplôme en création industrielle, 2017

 

 

 

 

_100% CASEINE 
Marion Seignan, projet de diplôme en création industrielle, 2018

 

_POUDRES AUX YEUX 
Xavier Montoy, projet de diplôme en création industrielle, 2018

 

 

 

_THE COCONUT ALTERNATIVE 
Guillemette de Brabant, projet de diplôme en création industrielle, 2018

 

Les enjeux planétaires liés à l’entrée de l’homme dans l’ère de l’anthropocène invitent le champ du design à se positionner non plus uniquement comme un moyen au service de la production consumériste, mais aussi comme un outil critique capable de répondre aux bouleversements des équilibres écologiques, politiques, économiques et éthiques. 
Dans ce contexte de réflexion et d’autocritique, qui assiste à l’émergence de nouveaux territoires pour le design contemporain, l’ENSCI-les Ateliers encourage les pratiques stratégiques et créatives qui permettent de questionner les liens entre l’homme, la nature et l’industrie, ainsi que la transformation et la circulation des matières, l’organisation des systèmes complexes, les dérèglements environnementaux.  

Recomposer les ruptures entre les entités telles nature et culture, humains et non-humains, sujet et objet, matière et pensée se matérialise dans une philosophie du projet, grâce à laquelle les substances naturelles, les procédés de transformation artificielle et la fabrication des artefacts se renouvellent dans des assemblages inédits. De ce processus  émerge une nouvelle capacité d’action et de penser le monde, et la fin des dualismes, par le design. 

Un contexte de recherche et de création

À travers une sélection de projets issus des démarches de recherche et création de ses élèves designers, l’école tente de rendre tangible une des réponses possibles à ces questionnements contemporains soulevés par une nouvelle pensée anthropologique de la nature et une action réparatrice du design. 
Les approches de recherche présentées par Matter Matters manifestent la volonté de donner forme à des stratégies de design orientées vers la valorisation de matières naturelles et écologiquement nobles, pourtant trop souvent négligées, banalisées, gaspillées ou inexploitées ou apparentées au statut de déchet. 

Le lait en excès, les cristaux de sel, les matières calcaires, les coquilles d’œuf et d’huître, les carapaces d’insectes, les peaux de poissons, les algues invasives, la terre crue des grandes excavations, les tonnes d’herbe coupée dans le milieu urbain : tous ces éléments bruts sont analysés, repensés et transformés à travers de nouveaux processus qui permettent de les réincarner sous forme d’artefacts biodégradables, de procédés éco-responsables, de matières économiques. Ainsi, ils se métamorphosent en ressources inédites, capables de remplacer des substances polluantes et énergivores, issues de la pétrochimie. 
La matière naturelle, entendue comme substance, se rénove alors en matériaux utiles, nobles et accessibles. Organiques, d’origine animale ou minérale, ces substances naturelles et disponibles en grandes quantités, deviennent à la fois matière à production et matière à réflexion critique. Si, d’une part elles retrouvent une nouvelle valeur économique et écologique, de l’autre elles révèlent l’extraordinaire utilité cachée de ces gisements inexploités. 

Une approche critique, une démarche régénératrice  

Cette démarche de design interroge la responsabilité de l’homme et de ses activités de production, fabrication et consommation qui caractérise notre changement d’ère. Dans le même temps, elle propose des pratiques innovantes qui participent de la transition environnementale et relèvent d’une écologie du milieu technique comme industriel. Les projets présentés s’affirment donc comme un moyen de formaliser les stratégies pour réparer et régénérer les liens abîmés entre les humains et leur environnement. 
Suivant ce mouvement, la vision portée par l’ENSCI-Les Ateliers envisage l’environnement non pas comme une niche uniquement écologique composée par la nature, mais comme un ensemble d’éléments à la fois naturels, culturels et techniques dont les artefacts issu des processus du design font partie. 

À travers ces recherches émergent aussi de nouvelles manières d’appréhender les échelles temporelles de la formation de la matière et de leur transformation. Qu’il s’agisse de millions d’années pour le sel et le calcaire ou de quelques jours pour un brin d’herbe, le temps est partie prenante du processus qui est ainsi rythmé par les évolutions environnementales. Ce temps, inscrit au sein des codes de la nature, devient dans les mains du designer une entité manipulable permettant de donner forme à des matériaux exploitables, utiles et récupérables. 
La dimension de l’échelle temporelle est traduite également dans le parcours proposé par la scénographie qui propose au visiteur de saisir l’échelle de ces différents mélanges de temporalités. 

Matter Matters invite à repEnser/repAnser les relations entre l’écologie et le design et à se libérer du dualisme anthropologique, hissé par la pensée et les pratiques modernes occidentales, notamment entre environnement naturel et technique. Un environnement qui n’est pas un monde détaché, extérieur à l’homme, une extension de soi, mais qui est l’expérience même.

Elena Tosi Brandi, ENSCI-Les Ateliers 



L’école Nationale Supérieure de Création Industrielle - Les Ateliers 

Née d’une volonté politique en 1982, l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle (ENSCI-Les Ateliers) est la seule école nationale exclusivement consacrée à la création industrielle et au design. Il s’agissait alors de rompre avec les modèles académiques en plaçant la création au cœur des préoccupations de la production industrielle et ainsi renouer avec l’esprit du Bauhaus ou du Black Mountain College.    
Dès son origine, l’ENSCI-Les Ateliers a mis en place une pédagogie innovante basée sur le projet et le cursus individualisé, selon une approche centrée sur l’élève et son parcours. À l’ENSCI-Les Ateliers, on «apprend par le faire» : on expérimente, on procède par itération, on manie les incertitudes. On apprend à gérer la complexité, à concevoir des usages et des systèmes dans une démarche socialement responsable.
Deux diplômes sont proposés en formation initiale : Designer textile et Créateur industriel, chacun élevé au grade de Master. Établissement public à caractère industriel et commercial, l’ENSCI-Les Ateliers est placé sous la double tutelle des ministères chargés de la Culture et de l’Industrie et jouit d’une reconnaissance et d’une insertion nationale et internationale de premier plan.

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