Langue française

Report - Oralité et littérature dans la Francophonie à La Sapienza

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Journée d’étude à l’Université La Sapienza, Oralité et Littérature dans la Francophonie

Le 22 mars 2018, à l’occasion de la Semaine internationale de la Francophonie, une journée d’études intitulée “Cultura scritta e cultura orale in ambito francofono” s’est déroulée à l’Université La Sapienza.

Lors de la matinée, co-organisée avec le Doctorat de Philologie, “Scienze del Testo del Medioevo alla Modernità”, dirigé par Nadia Cannata, trois enseignants-chercheurs sont intervenus, pour présenter aux étudiants de Doctorat et de Master leurs recherches. Anne Lacheret (Université Paris Ouest - Nanterre) a présenté différentes méthodes de modélisation de la prosodie du français en sciences du langage, dans une communication intitulée “Transcrire la prosodie du français”. Dans son intervention “Oralité et écriture littéraire”, Cécile Van den Avenne (Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle) a mis en regard l’histoire de l’oralité dans la littérature française du XXe siècle et les romans d’Ahmadou Kourouma. L’oralité y est à la fois une manière de rendre hommage aux traditions narratives africaines et le point d’appui d’une ironie à l’égard des modèles de l’histoire littéraire et de leurs contraintes. Stefano Tedeschi (Università Sapienza) a pour sa part proposé un regard sur la littérature caribéenne et évoqué les romans de Guillermo Cabrera Infante et de Patrick Chamoiseau, en soulignant notamment les différentes stratégies de ces écrivains pour faire entendre les voix de leurs personnages.

L’après-midi, auquel ont participé de nombreux étudiants de Licence, était organisé en collaboration avec l’Ambassade de Côte d’Ivoire, l’Ambassade du Canada, la Représentation diplomatique du Québec et l’Ambassade de France en Italie. Une table ronde a réuni les écrivains François Beaune et Melania Mazzucco, ainsi qu’Henri NKoumo, directeur du Livre et de la Francophonie au Ministère de la Culture de Côte d’Ivoire qui a évoqué la place de l’oralité dans la littérature africaine et Anna Giaufret, professeure à l’Université de Gênes, qui a évoqué les représentations de l’oralité dans la bande dessinée québécoise. Les quatre intervenants ont échangé à propos de la richesse et de l’hybridité de la langue française, soulignant la fonction émancipatrice, tant littéraire que politique, de l’oralité et de ses déclinaisons littéraires, qui interrogent les normes linguistiques et subvertissent ses effets de domination. La question du lien entre oralité et témoignage, notamment à travers les oeuvres de François Beaune et de Melania Mazzucco, a permis d’aborder également la question du rôle de l’écrivain, lorsque l’écriture se fait geste de collecte autant que de transmission. L’oralité est ainsi apparue comme un matériau qui, faisant du récit un espace polyphonique, interroge autant les représentations de la langue que les enjeux communs et collectifs de la littérature.

L’ensemble de la journée a permis de réfléchir aux enjeux de la Francophonie, à partir du double thème de l’oralité et de la littérature. Véritable laboratoire linguistique autant que politique, la littérature donne ainsi à lire, et à entendre, la souplesse et la créativité de la langue française.